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De Profundis
30 janvier 2006

La suite du jeu de généralisation initié hier

pretty_face1

Ce désir transcende la vie. En aspirant à tant de perfection, à si peu d’humanité (d’autant qu’il s’agit ici d’images, de représentations), il se confond avec une pulsion de mort. La perfection plastique quasi morbide Caroline Trentini, pour ne citer qu’elle, l’exclu du corps social auquel nous sentons appartenir et la place au rang d’icône. La fascination face à son image demeure pourtant désir puisqu’elle consiste en une envie de s’élever à son rang, de devenir digne d’elle, donc cesser d’être humain, cesser d’être vivant. Rien, bien entendu, ne nous sépare réellement de l’être Caroline Trentini, mais une foule de choses nous séparent de la seule manifestation d’elle qui nous parvient et qui est l’image. Il y a bien sûr nos imperfections visibles, mais aussi toutes nos fonctions les plus basses, celles pour lesquelles nous n’avons que mépris et auxquelles échappe l’image. Je prendrai pour exemple mon incapacité à tolérer mon vice et mon désir de devenir meilleur à l’époque de ma fascination pour Bonnie. J’avais alors trouvé une issue à mon déni d’humanité en écrivant un roman où je me confondais avec le héros, ce qui, dans une certaine mesure, me permettait d’exister en dehors de l’humain. L’association de moi (un être) avec Bonnie (une image) qui était impossible dans le réel, ne l’était plus à partir du moment où coexistait dans la fiction une représentation de moi et une d’elle.

Le désir qu’on éprouve pour être est constitué généralement de composantes distinctes et plus ou moins bien dotées et réparties, telles que le désir sexuel, la possibilité de rehausser l’estime de soi, la volonté d’accaparer une partie d’un être qui nous procure du plaisir, l’opportunité de rompre avec la solitude et d’autres particularités mineures variant selon les individus. Mais le désir que nous éprouvons face à Caroline Trentini, ou, devrais-je dire, face à sa représentation, à l’instar de celui éprouvé face à Bonnie, est purement esthétique et nous renvoie à cette pulsion d’aller au-delà, de transcender notre condition de mortel. Et c’est ici que l’on découvre ce génial paradoxe, à savoir que c’est un corps qui éveille en nous le désir d’être pur esprit, désir auquel il n’existe, a priori, pas d’issue. Mais contrairement au désir commun qui est superficiel, celui-là est essentiel ; au sens où il se rapporte à l’essence même de l’être et non seulement à de simple contingences physiques et sociales.

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